Groupes fondamentaux des variétés \(W\)

 

REDEFINIR LES NOTATIONS et REFAIRE LES DESSINS

 

Soit \( \{D,h_1,h_2 \}\) un système d’itération sur un disque fermé \( D\) tel que les images de \(h_1\) et \(h_2\) sont disjointes. Donnons nous un difféomorphisme préservant l’orientation

\[ \Phi : T_1 \rightarrow T_2 \]

qui soit égal à \( h_1 \circ h_2^{-1} \) en restriction à \( h_2(D) \subset T_1\). Nous ne supposons pas à ce niveau que \( \Phi\) soit holomorphe.

Ici , nous avons construit une variété de dimension trois fermée \(W\), associée à \( \{D, h_1, h_2, \Phi \} \). Nous nous proposons ici de calculer son groupe fondamental, et d’en déduire son premier groupe d’homologie à coefficients entiers.

Rappelons que la variété \( W\) est le quotient de la variété \(V\) par l’identification de \(\Sigma^-\) à \( \Sigma^+ \) via \(\Phi\). Nous renvoyons ici pour la construction de \(V\). Une présentation du groupe fondamental de \(V\) est donnée par

\[ \pi_1(V, p) : = <  a_1, a_2, \gamma_1, \gamma_2\  |\  \gamma_1 a_1 a_2 \gamma_1^{-1} = a_1,\  \gamma_2 a_1 a_2 \gamma_2^{-1} = a_2>. \]

Les lacets \( a_1, a_2, \gamma_1,\gamma_2\) sont représentés sur la figure suivante, le point \(p\) étant la classe dans \(V \) du gros point noir.

Les groupes fondamentaux  des surfaces \(\Sigma^{\pm}\) sont des groupes non abéliens libres en deux lettres respectivement engendrés par

\[ \pi_1(\Sigma^- , p) : = <  A^-= \gamma_2^{-1} a_1^{-1} \gamma_2 , B^- = \gamma_2^{-1} \gamma_1^{-1} \gamma_2 > \]

et

\[ \pi_1(\Sigma^+, p) : = <  A^+= \gamma_1^{-1} \gamma_2^{-1} \gamma_1, B^+ = \gamma_1^{-1} a_2 \gamma_1 > \]

Le lecteur pourra vérifier que l’intersection \(\Sigma^- \cap\Sigma^+ \) est un cercle (contenant \(p\)) qui dans le groupe fondamental de \(V\) est donné par l’élément

\[ [ A^+, B^+] = [A^-, B^-] = a_1 a_2 , \]

où l’on note \([a,b] = aba^{-1}b^{-1}\). Les images par \(\Phi\) des classes \(A^-\) et \(B^-\) sont des mots en \(A^+ \) et \(B^+\) que l’on écrit

\[ \Phi _*A^- = \tau (A^+) \text{ et } \Phi_* B^- = \tau (B^+) \]

où \(\tau \) est un automorphisme du groupe non abélien libre en les lettres \( A, B\). Une présentation du groupe fondamental de \(W\) est donc

\[ \pi _1(W, p) =  <  a_1, a_2, \gamma_1, \gamma_2\  | \]

\[ \gamma_1 a_1 a_2 \gamma_1^{-1} = a_1, \  \gamma_2 a_1 a_2 \gamma_2^{-1} = a_2,\  A^- = \tau (A^+),\  B^- = \tau ( B^+) >. \]

L’automorphisme \(\tau \)  détermine complètement  la classe d’isotopie de \( \Phi \). Il satisfait la relation

\[  [ \tau  (A), \tau (B)] = [A, B]  \]

et c’est l’unique contrainte pour qu’il apparaisse pour un certain difféomorphisme \(\Phi\).  Le sous-groupe des automorphismes du groupe non abélien libre en deux lettres qui satisfont cette équation est engendré par les deux transformations

\[ (A, B) \mapsto (AB, A^{-1}) \text{ et } (A,B) \mapsto (ABA^{-1} , A^{-1}) \]

En prenant tous les mots en ces deux automorphismes, on obtiendra des présentations pour tous les groupes fondamentaux des variétés \(W\) possibles. Un des exemples les plus simples est

\[ <  a_1, a_2, \gamma_1, \gamma_2\ |\ \gamma_1 a_1 a_2 \gamma_1^{-1} = a_1,  \ \gamma_2 a_1 a_2 \gamma_2^{-1} = a_2, \]

\[ \gamma_2^{-1} a_1^{-1} \gamma_2 = \gamma_1^{-1} \gamma_2^{-1} a_2 \gamma_1 , \ \gamma_2^{-1} \gamma_1^{-1} \gamma_2 = \gamma_1^{-1} \gamma_2 \gamma_1 > \]

mais la complexité devient très importante (exponentielle) en la longueur du mot \(\tau\).

Déduisons de ce calcul l’homologie de la variété \(W\), ce qui par dualité, revient à calculer le groupe \( H_1(W, \mathbb Z) \). Ce dernier est engendré par les classes

\[ [a_1]  , [a_2], [\gamma_1], [\gamma_2] \]

avec les relations

\[ [a_1]=[a_2]=0, \ \  [A^- ]= \alpha [A^+] + \beta [B^+],\ \   [B^-] = \gamma [A^+]+\delta [B^+], \]

où ici

\[ \begin{pmatrix} \alpha & \gamma \\ \beta & \delta \end{pmatrix}\]

désigne la matrice de \(\text{SL}(2,\mathbb Z) \) représentant l’action de \( \tau_* \) sur l’abélianisé du groupe libre à deux générateurs, dans la base \( ([A], [B])\).

Des relations

\[ [A^-] = -[a_1] ,\ \ [B^- ] = -[\gamma_1] , \ \ [A^+] = -[\gamma_2], \ \ [B^+]= [a_2] , \]

nous déduisons les relations

\[ [a_1]=[a_2]=0 , \ \ \alpha [\gamma_2] =0, \ \ [\gamma_1]= \gamma [\gamma_2] , \]

ce qui montre que \( H_1 (W, \mathbb Z) \) est isomorphe à \(\mathbb Z/ \alpha \mathbb Z\).

Observons que le coefficient \( \alpha \) est l’intersection homologique

\[ \tau (A^+) \cdot B^+ = \Phi_* A^- \cdot B^+ \]

Comme dans le tore \( T_1\) la courbe \(A^-\) est homologue à l’opposé de la courbe \(\partial D\), et que de même dans le tore \( T_2\) la courbe \(B^+\) est homologue à la courbe \(\partial D\), on obtient l’équation

\[ \alpha = – \Phi _* [\partial D]_1 \cdot [\partial D ]_2 ,\]

où l’on note ici \( [\partial D] _k \in H_1(T_k, \mathbb Z)\) la classe d’homologie du quotient de \(\partial D\) dans \(T_k\).